Non à lexhibitionnisme religieux
Non à lexhibitionnisme religieux
Limpertinence de ce propos peut se résumer dans la question suivante: face à lexhibitionnisme religieux qui envahit nos villes et surtout nos médias, y a-t-il encore un espace intellectuel et social pour combattre lobscurantisme qui se rattache souvent à des croyances aberrantes, lesquelles induisent généralement des comportements politiques belligènes et des pratiques individuelles insensées?
Jai bien dit «exhibitionnisme», marquant par là les dérives, les excès, les excentricités du fait religieux. Jai bien dit aussi «lespace social», montrant par là quil y a deux poids et deux mesures concernant le traitement du religieux et celui de la non croyance.
On prête à André Malraux la phrase suivante: «Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas»; il aurait dû ajouter «hélas!». Il y a en effet comme une loi du silence (Omerta) concernant le doute, la contradiction, voire lopposition ouverte aux croyances extravagantes…
La foi en Dieu (Allah ou Jahveh) nest-elle pas une dérive dans lirréel, une fuite dans un monde enchanté? Il suffit que tels croyant-e-s se réfèrent aux livres «saints» dans lesquels chacun trouve ce quil y cherche, et «la messe est dite» le rideau est baissé, la porte est fermée. Omerta, vous dis-je!
On voudrait nous faire croire que lactuelle déferlante religieuse est une réponse adéquate au désenchantement ambiant qui habite le monde présent. Il est frappant de constater que les agnostiques ou les athées, tous confondus, ont de singuliers comportements de complaisance à légard du religieux, sous prétexte de la «liberté dexpression». Ils vont même jusquà défendre les cimetières confessionnels. Un jour peut-être, au nom de la pluralité culturelle, défendront-ils aussi la pluralité des cimetières marqués par les sexualités différentes
Doit-on, sous couvert de démocratie, respecter le négationnisme à légard des réalités historiques ou scientifiques? négationnisme qui conduit à des comportements sectaires, souvent belliqueux. Un «monothéisme» exclut lautre, et vice-versa. On nous rebat les oreilles avec le fameux dialogue interreligieux. Mais ne voit-on pas quil ne sagit que de conversations de salons, entre gens bien élevés?
En outre, qui peut dire que lancienneté dune erreur na jamais fait une vérité? Ny a-t-il pas, chez certains théologiens, un peu de masochisme à cultiver la persécution chaque fois quon conteste leur bonne foi?
Certains parmi ces pseudos intellectuels, experts en choses vagues, qui ne sont en réalité que des prédicateurs, ne trouvent-ils pas matière à prosélytisme en soffusquant, comme des chats effarouchés, chaque fois quon les trouve ambigus, voire malhonnêtes?
On en connaît qui se complaisent dans la victimisation pour faire mieux passer leur propagande. Ils aiment se pavaner en persécutés, sachant par là quils font avancer leur cause. Ils savent quil y aura toujours des incroyants (re-hélas!) pour les défendre au nom usurpé de la démocratie.
A linstar de Nietzsche et de Freud, je pense que toute croyance religieuse est une pathologie, qui conduit nécessairement à des comportements psychorigides. Cest donc en thérapeute quil faudrait traiter ma question initiale, et contrecarrer la pandémie religieuse actuelle.
Il est temps aujourdhui de dénoncer la mafia «médiatico-théologique», de changer de registre, et de sattaquer à cette dangereuse omerta idéologique.
René CRUSE